En Côte d’Ivoire, comme dans de nombreux autres pays, le paludisme représente une menace majeure pour les communautés agricoles. Avec plus de 7,3 millions de cas signalés en 2021 seulement (OMS, 2023), cette maladie ne se contente pas de causer des ravages sur la santé communautaire ; elle inflige également des dommages économiques et sociaux qui maintiennent les familles dans la pauvreté. Lorsqu’un agriculteur ou un membre de sa famille tombe malade, cela impacte immédiatement la capacité de travail, ce qui peut entraîner une baisse de la production agricole et, par conséquent, une diminution des revenus. Dans le même temps, les enfants peuvent aussi subir les conséquences de la maladie en interrompant, voire en abandonnant leur scolarité pour soutenir les activités familiales. Les femmes, quant à elles, supportent un fardeau supplémentaire en s’occupant des membres malades de la famille en plus de leurs tâches quotidiennes.
La situation s’aggrave encore si le patient doit consulter un médecin, se rendre à l’hôpital, utiliser ses économies pour des dépenses médicales ou, dans le pire des cas, décéder. Les funérailles représentent une charge financière disproportionnée pour ces familles rurales.
« Avec plus de 7,3 millions de cas signalés en 2021 seulement, le paludisme ne se contente pas de causer des ravages sur la santé communautaire ; il inflige également des dommages économiques et sociaux qui maintiennent les familles dans la pauvreté. » (OMS, 2023)
Le coût caché du paludisme dans les communautés productrices
Avec un taux d’incidence de 270,8 cas pour 1 000 personnes, et des taux encore plus élevés chez les enfants de moins de 5 ans (594 cas pour 1 000) (OMS, 2023), le paludisme est un facteur qui maintient les familles d’agriculteurs dans la pauvreté. Cette perte de productivité crée un effet d’entraînement de vulnérabilité économique et sociale, rendant difficile l’accès aux services essentiels comme l’éducation et la santé (préventive).
FarmStrong Foundation (FSF) fait partie d’un consortium de contrôle des vecteurs du paludisme qui a mis en place un programme de lutte contre les moustiques autour de Bouaké, en installant des Eave Tubes dans les maisons des agriculteurs. Ce système innovant de lutte antivectorielle a entraîné une baisse significative de la population de moustiques.
Depuis 2017, FSF a installé 30 000 Eave Tubes dans 3 500 maisons réparties dans 20 villages. En 2024, l’initiative a été renforcée avec le retraitement de 29 269 disques Eave Tubes à travers 20 villages de la région.
Une maison d’agriculteur avant et après l’installation
L’intervention combine plusieurs caractéristiques :
- Installation unique de tubes avec inserts recyclables à faible coût
- Protège l’ensemble du foyer contre les moustiques
- Élimine même les moustiques résistants
- Dispositifs placés hors de portée des habitants (pas de contact direct)
Ces tubes spécialement conçus avec des pièges imprégnés d’insecticide sont placés juste sous la toiture, là où les moustiques pénètrent dans les maisons.
Le projet est resté impactant tout au long de 2024 avec le traitement de 2 887 maisons familiales et la mise en place de mesures de sécurité complètes pour les équipes. Il contribue également à réduire la production de déchets grâce à une application efficace des insecticides, tout en maintenant l’engagement et le consentement des communautés.
Impact communautaire : Témoignage d’un agriculteur
KOUADIO N’GORAN Justin, un agriculteur d’Ahoundjô, partage l’expérience de sa famille : « Avant les Eave Tubes, notre maison était envahie de moustiques et nous souffrions souvent du paludisme. Je vis avec sept enfants et quatre adultes, c’était très difficile pour tout le monde. Depuis l’installation, il y a beaucoup moins de moustiques, nous dormons mieux et nous sommes beaucoup moins malades. Cela a vraiment amélioré notre quotidien. »
Perspectives d’avenir
Au-delà des interventions actuelles, la FSF vise à étendre ses stratégies de prévention du paludisme à d’autres régions et teste différentes combinaisons de systèmes de contrôle des vecteurs du paludisme. L’équipe de FarmStrong espère observer des synergies en combinant les Eave Tubes, la pulvérisation résiduelle à l’intérieur des habitations et les moustiquaires imprégnées d’insecticide.
Nous invitons nos partenaires et parties prenantes à se joindre à notre mission pour créer des communautés agricoles plus saines et plus résilientes.
Le projet a traité 2 887 maisons familiales et mis en place des mesures de sécurité complètes pour les équipes.
Références et lectures complémentaires
In2Care. (2024). Eave Tubes: A novel house protection against malaria mosquitoes. Retrieved from https://www.in2care.org/eave-tubes
WHO -World Health Organization Regional Office for Africa. (2023). Universal Health Coverage/Communicable and Non-communicable Diseases: Côte d’Ivoire Country Disease Outlook. Retrieved from https://www.afro.who.int/sites/default/files/2023-08/CIV.pdf